Roses bicolores
Et ruisselle à jamais
Sur le chemin
L'eau d'une heure de pluie
Dans la lumière.
Yves Bonnefoy
Selon F. Portal, la rose et la couleur rose constitueraient un symbole de régénération du fait de la parenté sémantique du latin rosa avec ros, la pluie, la rosée.
"La rose et sa couleur", dit-il "étaient les symboles du premier degré de régénération et d'initiation aux mystères... L'âne d'Apulée recouvre la forme humaine, en mangeant une couronne de roses vermeilles que lui présente le grand-prêtre d'Isis".
"Le rosier", ajoute cet auteur, "est l'image du régénéré, comme la rosée est le symbole de la régénération".
C'est ce symbolisme de régénération qui fait que, depuis l'Antiquité, on dépose des roses sur les tombes : "les anciens... nommaient cette cérémonie "rosalia". Tous les ans, au mois de mai, ils offraient aux mânes des défunts des mets de roses" (PORS, 222). Et Hécate, déesse des Enfers, était parfois représentée la tête ceinte d'une guirlande de roses à cinq feuilles. On sait que le nombre cinq, succédant au quatre, nombre d'accomplissement, marque le départ d'un nouveau cycle.
La « fresque à l’oiseau bleu » découverte en 1900 dans les vestiges du palais de Cnossos en Crète, construit vers l’an 2000 avant Jésus-Christ, représente des rosiers fleuris. C’est la première représentation connue de roses peintes. On ne sait s’il s’agit de roses sauvages ou cultivées, ni à quelle espèce les attribuer, d’autant plus que la fresque a été restaurée et toutes les roses repeintes avec six pétales de couleur jaune. Une seule, à cinq pétales rose doré, au centre orange, semble être originale. Le botaniste C.C. Hurst l’avait identifiée à Rosa richardii, la rose sainte d’Abyssinie.